La révolution



Culte rétabli en 1795


 

Il ne suffisait pas de rétablir l’ordre dans toutes les parties de l’administration et de s’efforcer de réparer les dommages matériels qu’avait causés le régime de la Terreur, il fallait aussi donner  une légitime satisfaction aux consciences, qui n’avaient plus depuis longtemps la liberté de prier Dieu selon les prescriptions de leur foi.

 

Quelque temps après le 9 thermidor, les habitants de certains villages rouvrirent eux-mêmes les églises. A défaut de prêtre, un maître d’école ou un choriste récita les offices, et chanta la messe et les vêpres. L’agent national du district voyait dans ces réunions l’exercice d’un culte public. Il les regardait comme contraires à la liberté de conscience, et en prévenait la Convention. Néanmoins, malgré le zèle du district et du comité révolutionnaire, les paysans et surtout les paysannes continuèrent à se réunir le dimanche dans les églises, et même dans les communes voisines de la ville, telles que le Pont-Hubert, on sonnait les cloches pour les offices.

La liberté des cultes fut rétablie par la Convention, le 21 février 1795 (3 ventôse), sur le rapport de Boissy d’Anglas, mais la République ne salariait pas les prêtres, et ne fournissait aucun local pour l’exercice du culte, elle en proscrivait les signes extérieurs. Dans les campagnes, on ne cessa pas de s’assembler dans les anciennes églises, et d’annoncer les offices au son des cloches et du tambour. Dans un des faubourgs de la ville de Troyes, à la Vacherie, on rétablit même une croix, située dans une des rues. La municipalité la fit enlever dans les 24 heures. Comme les habitants des Trévois voulaient faire dire une messe dans la petite chapelle de Notre-Dame-de-l’Echerelle, on les prévint qu’ils ne pouvaient le faire sans louer ou acheter la chapelle.

 

La loi du 11 prairial an III (30 mai 1795) mit fin à ces difficultés en donnant provisoirement aux citoyens le libre usage des édifices religieux, non aliénés, dans lesquels ils célébraient leur culte au mois de septembre 1793.

 

Il y avait à cette époque 4 églises paroissiales et 4 oratoires à Troyes, aucun d’eux n’avait été aliéné. Le district ne voulait livrer au culte que les anciennes paroisses, Saint-Pierre, Saint-Remy, Saint-Nicolas et Saint-Jean. Le procureur général syndic, trouvait qu’il y avait trop d’églises à Troyes, et qu’il fallait démolir celles qui n’étaient pas nécessaires. Mais il fut impossible de résister aux réclamations des anciens paroissiens, qui obtinrent la réouverture des 8 églises.

 

Déjà, avant même la promulgation de la loi de prairial, on avait célébré les offices à Saint-Remy le jour de Pâques. On les célébra à la Madeleine à la fête de Saint-Pierre.

 

« La loi du 11 prairial fut accueillie dans le département, dit une lettre administrative, avec l’enthousiasme propre aux idées religieuses ». Elle ne divisait plus le clergé en prêtres constitutionnels et en prêtres assermentés. Ceux-ci avaient la sympathie d’un grand nombre de fidèles, et leur influence excitait la défiance d’Albert qui prescrivait aux directoires d’exercer une surveillance exacte sur leur conduite. Le procureur général syndic ayant fait observer qu’ils avaient conservé leur hiérarchie et leurs rapports avec Rome, qu’ils étaient intolérants et qu’on devait l’être avec eux, le comité de législation répondit que la constitution civile n’était plus une loi de l’Etat, et que l’on ne pouvait exiger des prêtres d’autre serment qu’une déclaration de soumission aux lois de la République.

Les fidèles, étant désormais libres de choisir leurs prêtres, s’adressèrent les uns aux constitutionnels, les autres aux insermentés. Les habitués de Saint-Jean, de Saint-Pantaléon, de Saint- Remy, de Saint-Nicolas et de Saint-Urbain se prononcèrent pour les premiers, ceux de Saint-Pierre, de Saint-Nizier, de Sainte-Madeleine pour les seconds. Les premiers déclarent professer la religion catholique, les autres la religion catholique romaine, Sainte-Madeleine ajoute apostolique.

 

On compte en 1796, 10 prêtres à Saint-Pierre, 5 à Sainte-Madeleine, 4 à Saint-Pantaléon, dans les autres paroisses, de 3 à 1. La plupart des curés rentrèrent dans leurs églises. Beaucoup de prêtres constitutionnels se rétractèrent, et acceptèrent la suprématie du chapitre, qui nomme les curés dans les paroisses qui en manquaient. Cependant, dans certaines communes où les prêtres constitutionnels ne voulaient pas se réconcilier avec les insermentés, comme à Nogent, à Bar-sur-Seine et à Chaource, les fidèles se divisaient, et parfois les divisions amenaient des désordres.

 

L’administration n’intervenait que dans ce cas, elle déclarait sagement qu’elle n’avait à s’occuper que de la police des cultes, et qu’elle n’avait aucune surveillance à exercer sur les pensées. Les fidèles subvenaient par des cotisations volontaires aux frais du culte et à l’entretien de ses ministres. « En général, disait un rapport officiel, le peuple aime ses prêtres, sa secte, son culte, et les lumières de la philosophie n’ont pas encore dissipé ses préjugés ».

 

Cependant, à Troyes on ne sonnait pas les cloches, et les signes extérieurs du culte continuaient à être proscrits. Dans les campagnes au contraire, les croix avaient été relevées, et quand les hommes ne sonnaient pas les cloches pour les naissances, les mariages et les enterrements, les femmes les sonnaient elles-mêmes. Il eut été difficile et imprudent de les contraindre à renoncer aux manifestations extérieures du culte.

 

L’opinion se déclarait de plus en plus contre les doctrines et les actes de la Terreur.

 

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