Contes, légendes et anecdotes



La légende de Saint Thibault


Saint-Léger-sous-Margerie et St-Léger près Troyes honorent avec ferveur le saint dont ils portent le même nom.

         Mais à Saint-Léger-sous-Brienne, il n’en est pas de même : le grand Saint Léger y est absolument inconnu, il ne reçoit aucun culte particulier. La dévotion populaire est orientée vers Saint Thibault, pour des raisons que la légende explique ainsi :

         A l’ouest du pays, près des vignes, une source désignait un lieu affectionné de saint Thibault qui menait là une vie de reclus, avec une certaine hardiesse, d’ailleurs, car la proximité de la forêt du Der entraînait beaucoup d’insécurité dans cette région.

On redoutait particulièrement deux sinistres coquins mal famés qui semaient la terreur sur leur passage. L’un s’appelait Malicorne et l’autre Malempis.

Un jour, les habitants de Saint-Léger viennent se plaindre à saint Thibault dont ils sollicitent le secours. Fort ému, celui-ci leur promet de convertir les deux malfaiteurs.

A quelque temps de là, Malicorne et Malempis, sales, hirsutes, dépenaillés, n’hésitent pas à barrer le chemin qui conduit saint Thibault vers sa fontaine. Sur un ton menaçant, les bandits lui demandent de l’argent.

Saint Thibault répond avec calme : « Je suis votre pasteur et, vous, vous êtes mes frères. Voulez-vous de l’argent ? Je vais vous en donner. Le premier qui me demandera, 10 sols, les possèdera et le second en aura le double. Parlez maintenant ».

La proposition est alléchante, c’est pourquoi le dialogue suivant s’établit entre les deux malfaiteurs : « Parle », dit Malicorne. « A d’autres, dit Malempis, j’aurai 10 sols, toi tu en voudrais 20 ». « Pourtant il faut que l’un de nous deux commence ». « Toi ». « Non toi ! ». « Jamais ». « Nous allons voir ».

Aux affrontements succèdent les coups. Malempis est bientôt à terre, son sang coule, ses forces le trahissent. Alors, dans un sursaut d’énergie et de colère, il se relève et dit : « Pour sûr je parlerai le premier ». Tourné vers saint Thibault, il lui adresse la demande suivante : « Grand saint, enlevez-moi un oeil, mais selon votre promesse, accordez le double à Malivois, enlevez-lui les deux yeux : si je suis borgne, qu’il soit aveugle ». Aussitôt, Malicorne proteste : « Saint homme de Dieu, vous avez parlé d’argent et non d’autre chose ». « Oui-da, répond saint Thibault, il fallait parler le premier, tu ne l’as pas fait. Donc : au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, toi, Malempis, sois borgne et toi, Malicorne, sois aveugle ».

Reconnaissant le juste châtiment de Dieu, ce dernier supplie le saint ermite de lui rendre ses deux yeux, promettant de faire amende honorable et de mener désormais bonne et chrétienne vie.

Très condescendant, saint Thibault invoque l’Eternel, puis il remet à Malempis son œil et à Malicorne ses deux yeux. Ensuite, il les réconcilie et les congédie en leur disant : « Allez ! Souvenez-vous de la leçon, et si jamais, en péché de vol ou de coquinerie vous retombez, je vous enlèverai non seulement les yeux, mais aussi les bras et les jambes ».

Sans plus attendre, les deux coquins détalent et disparaissent dans la forêt.

L’année suivante, les gens de Saint Léger virent passer deux moines dont le visage austère se dissimulait sous le capuce noir d’une robe de bure : c’était Malicorne et Malempis !

                                                                                                                               


Rechercher sur le site :


Sur le bandeau du  bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse. 

Cliquez sur "Nouveaux chapitres"  vous accédez aux dernières pages mises en ligne.